COMPTE RENDU JOURNEE MONDIALE DU REIN 2019

Des reins en bonne santé, pour tous, partout

Quelques sessions

Le colloque de cette année, en date du 13 mars 2019, à l’Académie Nationale de Médecine de Paris, a eu pour thème central, Des reins en bonne santé, pour tous, partout. L’approche prévention pour une meilleure et plus large prise en charge est privilégiée.

Huit chapitres ont été développés :

  • La maladie rénale chronique en population générale. Cohorte/Constances
  • Préserver la santé des reins: Pratiques en France et dans le monde
  • L’insuffisance rénale aiguë: Enjeux actuels et défis futurs
  • La recherche en néphrologie : Constat et perspectives
  • Forfaitisation de la maladie rénale chronique en juillet 2019 : Quels buts, quels moyens ?
  • Comment prendre soin de ses reins ? L’expérience du patient
  • Précarité et maladie rénale chronique : Quels liens ?
  • La maladie rénale en Afrique et dans le monde

Quelques cessions

La Maladie Rénale Chronique MRC en population générale est une étude réalisée sur 6 ans rassemblant une cohorte de 200 000 personnes âgées de 18 à 69 ans, sur toute la France, toutes les couches socio-économiques. Il s’agit d’un relevé annuel d’un questionnaire spécifique, accompagné d’un large examen de santé (pression artérielle / vision ophtalmologique / glycémie / examen médical / estimation du Débit Filtration fonctionnelle (DFG) /bilan fonctionnel physique et cognitif (surtout pour les plus de 45 ans où vieillissement biologique) / antécédents personnels sociaux et familiaux/ échelles de santé et qualité de vie.

Grâce à cette cohorte étendue, les données récoltées, représentant un bon échantillon représentatif, fournissent des outils complets pour les projets de recherche, et permettent d’établir la prévalence des maladies rénales chroniques. Il y aurait 300 000 insuffisants rénaux en France.

L’épidémiologie rénale met en évidence de grandes disparités dans le monde. Aux USA la MRC est très élevée, concernant plus de 250 personnes pour 1 million ; c’est aussi le cas du Brésil, de la Chine et du reste de l’Asie qui voient cette maladie croître fortement. La statistique est de 165 habitants par million en France, avec une légère augmentation. La MRC concerne beaucoup plus d’hommes que de femmes en France. Dans le monde cette croissance est liée aux difficultés d’accès aux informations et aux équipements médicaux. Ainsi les recommandations au niveau des patients sont assez mal comprises aux USA et Brésil, alors qu’elles sont positivement prises en compte en France, où les conseils diététiques et de mode de vie sont largement diffusés et adoptés. Par exemple, le taux de tabagisme est très faible chez les personnes souffrant de MRC. En revanche, les consultations diététiques ne sont pas légions.

L’Insuffisance Rénale Aiguë (par le pr. Eric Rondeau, hôp. Tenon et Inserm) consiste en la chute brutale du débit de filtration glomérulaire conduisant à l’obstruction de la fonction rénale et l’ischémie. L’IRA est très grave car conduit à plus de 50% de mortalité. Elle est assez répandue aujourd’hui et atteint 13 millions de cas par an dans le monde, dont 11 millions rien que dans les pays à faible revenu, en particulier l’Afrique, bien que pour ce dernier il soit difficile d’en faire une évaluation. Elle cause 1,7 millions de décès par an, dont 1,4 millions dans les pays pauvres. Pourtant le plus souvent l’IRA pourrait être prévenue, limitée et traitée, si les moyens et équipements de diagnostique étaient suffisants. Des soins précoces permettent une vraie récupération rénale. Il existe un programme de prise en charge de l’IRA dans les pays pauvres avec la fourniture de matériel laboratoire

pour les dosages sanguins, de machines de dialyse, de supports techniques, de formations de médecins et infirmières. En France il existe un réseau de prise en charge, le French Intensive Care Network qui inclut un groupe de réflexion sur l’insuffisance rénale aiguë, des soins et formation sur qualité et sécurité.

La recherche en néphrologie (par pr. Pierre Ronco de Institut Universitaire de France) est essentiellement diffusée par le Journal de Néphrologie, créé en 1972. Ce sont les USA qui publient un nombre impressionnant d’articles de recherche, mais la France détient une place de choix dans le monde grâce à son investissement dans les maladies rares, les maladies immunologiques, la transplantation, son avancée dans les mécanismes de progression de la maladie rénale ainsi que l’épidémiologie, et enfin la dialyse. Le constat général est que les maladies les plus vaincues sont celles qui ont été diagnostiquées les plus précocement, les mieux comprises, et qui ont donc fait l’objet de développements les plus approfondis de thérapeutiques, de mises au point de nouveaux médicaments anti-rejet… Aussi, la France est précurseur dans la recherche de la tolérance et de la « qualité de vie » du patient. Ces 3 dernières années ont vu 4 révolutions : génétique, cellulaire (programmation et séquençage de cellules) multi-strate (du gène à la maladie), et tests de diagnostic (sans faire de biopsie. Ces révolutions doivent pousser à une forte amélioration de la prévention et conduire les populations à une meilleure santé.

Forfaitisation de la maladie rénale chronique, buts et moyens (pr. Cyrille Colin.)

En 2000, l’Organisation Mondiale de la Santé qualifiait la France de plus beau pays du monde par la santé. Les dépenses de santé y sont en effet les meilleures dans les pays industrialisés. La France réalise toujours plus de dépenses que ce qu’elle peut espérer en production de richesse. La dette du pays s’en ressent. L’espérance de vie en France se situe donc à un très bon niveau avec une augmentation spectaculaire ces 30 dernières années. Mais le bilan est contrasté car il y a eu aussi une progression très importante des maladies chroniques, pas seulement liée au vieillissement de la population, mais surtout liée à l’évolution moderne des comportements individuels (vies sédentaires, diabète…) Les besoins d’accompagnement croissants des patients conduisent progressivement les autorités à réfléchir sur l’économie de la santé, reposant encore trop sur des « îlots de soin » peu coordonnés où l’exigence de moyens prime sur celle du résultat. L’on tente de se diriger vers un système qui associe un paiement au suivi et donc au besoin d’accompagnement. Ce besoin de pertinence tant économique que médicale a rendu inadapté le paiement à l’acte ou à l’activité. Le concept doit être transformé pour les maladies chroniques qui nécessitent un suivi de moyen-long terme. De grandes étapes de transformations sont ainsi élaborées aux niveaux hospitaliers (équipes

spécialisées) ainsi que dans la prise en charge du patient. Mise en place d’indicateurs de qualité de prise en charge et d’expérience du patient, structures dédiées…

Florence Contré-Romuald, Association Polykystose France

14 mars 2019

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