Les Mardis de la chirurgie

Académie de chirurgie

9 avril 2024

Rue de l’École de Médecine Paris 6ème

La chirurgie de la transplantation

 

Sous l’égide de l’Académie de Médecine, l’Académie Nationale de Chirurgie a créé en 2019,  la Fondation de l’Académie de Chirurgie qui a pour but de promouvoir l’excellence de la chirurgie au service de tous et de déployer la chirurgie partout où elle est essentielle.

Cette Fondation organise des cycles de rencontres destinées à un large public, des rencontres de vulgarisation scientifique associant messages de prévention et présentations des dernières avancées chirurgicales. Elle fédère particuliers, entreprises, associations et fondations le rayonnement des savoirs et savoir-faire des chirurgiens français.

 

Historiquement la transplantation d’organes est envisagée depuis très longtemps.

La transplantation est l’introduction et la mise en marche d’un organe avec abords vasculaires, tandis que la greffe est l’apport de tissus non vascularisés

  • Le Rein :Au tout début du XXème siècle on découvre le groupe sanguin. En 1933 on greffe un rein au pli du coude d’une personne. En 1952 une équipe de Necker effectue la première transplantation rénale avec un donneur vivant volontaire familial dont la durée de vie a été de 1 mois et 2 jours. En 1954, une transplantation entre 2 vrais jumeaux est recensé comme un succès.

Mi-mars 2024 est effectuée la première xénotransplantation de porc dont on attend aujourd’hui les résultats

  • Le Foie : Après des échecs avec des décès sur table les États Unis parviennent en 1963 à une opération durable de 22 jours, mais elle est très difficile.
  • Poumon : en 1963 un prisonnier américain à perpétuité s’est porté volontaire pour sauver un homme atteint d’un cancer. Une thoraxotomie à été nécessaire chez le receveur.

De 1963 à 1970, 23 transplantations poumons/cœur ont été effectuées sans succès. En 1967, une mère et sa fille fauchées en sortant d’ une boulangerie permet de sauver l’une des deux,  qui reste en vie pendant 18 jours… Cette opération restera un échec général pendant les années 70 avec seulement 23 tentatives, et reprendra dans les années 80.

 

Le processus  de transplantation a progressé à petits pas jusqu’à ce qu’on découvre les critères HLA de compatibilité pendant les années 90, ouvrant enfin la voie aux espoirs de réussite.

Quelques centaines de transplantations sont réalisées chaque année et ont une durée de vie très satisfaisante

Si le geste chirurgical sur certains organes comme le rein est parfaitement maîtrisé aujourd’hui, il exige des précautions de conservation pré-opératoire qui posent encore des problèmes et sont le cauchemar des équipes de transplantation. Plus la durée de conservation s’allonge plus l’organe se dégrade avec l’apparition de lésions (fibroses). Elle est de 4 à 6 heures pour le cœur, 8 à 12 heures pour le foie, 2 à 6 heures pour le rein. Il est fondamental que l’organe soit en état statique pour sa survie parfaite ; son transport, bien que possible, est très délicat. C’est toujours une course contre la montre ; il faut limiter les œdèmes et lésions intracellulaires, limiter la perte d’énergie et surtout aller très vite entre donneur et receveur.

 

Ainsi apparaît le « nœud gordien » du don et prélèvement d’organe qui met en lumière la vraie différence entre ce que l’on sait faire et ce que l’on peut faire : Philosophiquement, ceux qui donnent pensent au don tandis que ceux qui reçoivent pensent au prélèvement ; car si 85% des gens se disent favorables à priori au don d’organes 37% d’entre eux (en France) refusent encore le don quand ils sont amenés à se prononcer. Il est en effet difficile dans les moments douloureux où leur proche est condamné de se conditionner pour un élan de générosité et de solidarité qui donnera la vie. Un seul refus condamne 100 patients tandis qu’un seul accord permet 1 000 greffes. Chaque donneur peut donner 3 à 4 organes. Le rôle social de l’empathie et du don est pourtant immense ; « Donner rend heureux et agir rend fier » . « Donner c’est se souvenir que nous avons commencé par recevoir », « Bonobo social du don ».

La Fondation Greffe de vie présente à cette conférence milite pour la promotion du don d’organes en France en ouvrant de plus en plus les dialogues, encore timides auprès  du public, et incite les familles qui sont confrontées à la transplantation à plus de dialogues. « Greffe de vie » a déjà mobilisé 400 communes françaises devenues « ambassadrices » du don d’organes. Elle est représentée par un ruban vert…

La transplantation de demain est la xénogreffe : C’est en 2022 aux États Unis qu’un premier pas se fait avec un greffon porcin transgénique sur l’humain (état de mort encéphalique) avec une survie de 65  jours. Un grand pas vient de se faire. Nous partageons 80% d’homologie avec le porc. La pénurie d’organes sera à l’avenir résolue lorsque ce geste sera maîtrisé, mais pour l’heure de nombreux obstacles sont encore à franchir à savoir :

la barrière immunologique et physiologique, la barrière sociale, la barrière fonctionnelle ; si l’on peut contrôler les molécules porcines, ce n’est pas le cas des cellules humaines ; la barrière infectieuse avec la persistance probable de transmission virale ; la barrière médicamenteuse, et enfin la barrière éthique et financière. Le coût est en effet très élevé ; les recherches sont financées par des compagnies privées. Le prix du porc transgénique est de 500 000 dollars.

 

Florence Contré-Romuald, PKD France

16 avril 2024

 

GREFFES ET TRANSPLANTATIONS D’ORGANES

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